Un soir d’avril 2012, alors que je consultais sur l’écran de mon ordinateur mes archives photos, je tombais sur un cliché datant du 13 aout 2011.
Au premier abord, rien de particulier, il s’agit d’une vue montrant des falaises et des pinèdes de la Bardena Negra. Mais en zoomant au maximum sur la photo, j’ai eu la surprise de découvrir une construction bien étrange accrochée à une falaise : un long mur doté de ce qui semble être une porte d’entrée.
Ce mur parait imposant, il me fait penser à une forteresse ou bien à un monastère retiré du monde.
Connaissant pourtant bien les lieux, je suis surpris de n’avoir jamais découvert cette construction.
En moins de deux minutes je réussi à situer le site sur une carte des Bardenas et à en relever les coordonnées GPS.
Objectif : me rendre sur place et identifier cette construction.
Quelques jours plus tard, je me trouve en bordure du plateau de la Negra centrale.
Le mur est bien là, il semble fait de pierres locales et se confond parfaitement avec l’environnement, pas étonnant que je ne l’ai jamais remarqué !
Avec ma paire de jumelles je constate que ce que je croyais être une porte d’entrée n’ai en réalité que l’effondrement d’une partie du mur. Sur la gauche, je remarque ce qui pourrait être une sorte de petite guérite constituée d’un toit très simple, probablement destiné à se protéger du soleil. Au-dessus du mur, une strate rocheuse est percée d’une multitude de petits trous. Tout cela ne fait qu’accroitre ma curiosité.
Voici en images ce que j’ai découvert en ce lieu :
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Sur la photographie datant de 2011, un étrange mur apparaît comme accroché à une falaise. |
Ci-dessous, les photos réalisées en 2012.
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Site fortifié ? Monastère retiré du monde ? Le mystère persiste. |
Avec le puissant zoom optique de mon appareil photo, et le zoom numérique faisant le reste, je peux observer divers détails de la construction : Les trous dans une strate, la fameuse guérite et la partie effonfrée du mur.
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La falaise est beaucoup moins abrupte qu’elle ne le parait sur la photo de 2011, mais la construction n’en demeure pas moins très isolée.
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De loin le mur parait toujours aussi imposant, mais en approchant le site perd peu à peu de sa démesure. |
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Oublions la forteresse et le monastère, car arrivé près de cette construction je me rends compte que le mur mesure moins de deux mètres de haut, et de l’intérieur je peux même m’y accouder !
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La fameuse guérite n’est en réalité qu’une sorte d’établi sur lequel, là aussi, je peux m’accouder !
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Sur la hauteur, une strate est percée d’une quarantaine de trous destinés à l’origine à recevoir la charpente d’un toit aujourd’hui disparu (voir la simulation ci-dessous). |
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En pénétrant à l’intérieur je comprends aussitôt la fonction de cette construction : il s’agit d’un rucher.
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Sur la face interne du mur se trouve près d’une cinquantaine de ruches réparties sur deux niveaux, le tout étant de fabrication très locale, … et ancienne.
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Ce rucher est partiellement en ruine, il n’est plus utilisé par les apiculteurs et les abeilles ont déserté les lieux. |
Cette construction est ce que l'on nomme un « rucher à façade fermée » et contient des ruches de type Horno.
Ce genre de ruche est typique de la vallée de l'Ebre (Aragon et Bardenas), il consiste à englober dans un mur toute une batterie de tubes coniques faits en osier tressé.
De telles constructions n’ont plus court de nos jours, on leur préfère les ruches modernes ayant l’aspect de cube en bois.
Notons que dans les Bardenas, l’apiculture était autrefois une activité très marginale, et aujourd’hui quasi-inexistante.
Photographies et texte : Frédéric Moncoqut.
Liens pour en savoir plus sur ce type de rucher :
www.encyclopedie-universelle.net
www.altotejo.org (PDF) |